19/10/2013
Pegguy Guggenheim au Lavandou (Var). Publication n°5
Un grand classique d'Alfred Courmes:
Le portrait de Peggy Guggenheim, peint en 1926 dans les environs du Lavandou,
(Saint-Clair, Var).
"Peggy Guggenheim", 1926, huile sur toile (100 x 65), musée franco-américain du château de Blérancourt © adagp
« C'est par l’intermédiaire de sa belle-soeur, Clotilde Vail que j'ai fait la connaissance de Peggy Guggenheim. Peggy habitait dans les environs, passé Saint-Clair. Elle venait souvent faire ses courses au Lavandou dans une petite 5cv Citroën (détail), les toutes premières, qui étaient comme un petit bac rouge. J'avais remarqué cette jeune femme, à la pointe de l'élégance parisienne, dont la famille était déjà connue comme mécène des artistes. J'ai rencontré un soir, lors d'une projection d'un film en plein air, Clotilde Vail. C'était une petite américaine, libre et directe. Nous sommes devenus copains tout de suite. C'est ainsi que je suis devenu un familier de Peggy qui possédait une belle villa dans les pins (détail) avec une plage privée. Le frère de Clotilde, (le mari de Peggy) était peintre aussi, tendance abstraite, à la manière d'Herbin. J'avais de la symphatie pour l'homme et un faible je l'avoue pour sa soeur, mais sa peinture me laissait indifférent. Peggy, elle, était en admiration profonde de la peinture de son mari. Un jour je lui proposais de faire son portrait. Quand je l'eus terminé, elle dut le trouver trop réaliste, trop ressemblant. Ce portrait je l'ai gardé longtemps...»
Ce tableau se trouve maintenant au musée de la Coopération franco-américaine au château de Blérancourt. Cette acquisition est due à Pierre Rosenberg, président du musée du Louvre de 1994 à 2001, membre de l'Académie française.
"Peggy Guggenheim", mine de plomb, 1926 Peggy Guggenheim, 1926
Un peu d'histoire:
Marguerite « Peggy » Guggenheim est une mécène américaine, collectionneuse d'art moderne et galiériste, née le 26 août 1898 à New York dans le quartier Ouest de la 69e avenue et décédée le 23 décembre 1979 à Venise où elle a passé les dernières années de sa vie.
Elle a ouvert une galerie à Londres sous le nom de « Guggenheim Jeune », encourageant les artistes alors peu connus. Pendant la Seconde Guerre mondiale, usant du prestige de son nom et de sa nationalité américaine, elle a sauvé un grand nombre d'artistes pour lesquels elle a obtenu de faux papiers et elle a financé leur passage aux États-Unis.
Son nom reste lié au musée qu'elle a fondé à Venise sur le grand canal, dans le palais Venier dei Leoni, qui a été sa dernière résidence. Sa vie tourmentée de femme légère, « mangeuse d'hommes » a occulté le travail de recherche et le flair dont elle a su faire preuve à l'instar de son oncle Solomon R. Guggenheim.
Analyse de l'oeuvre:
"Ce portrait est exempt de toute ironie provocatrice. Pendant l’été 1926, Courmes est un hôte assidu de la villa de Pramousquier et il brosse le portrait de Peggy Guggenheim . L’œuvre marque un tournant important dans l’évolution de cet artiste, admirateur des maîtres flamands et italiens, fortement influencé par la technique cubiste, mais tenté par un retour au figuratif. La jeune femme occupe, sur fond de ciel, les trois quarts du tableau. À l’arrière-plan, à gauche, le peintre a figuré la voiture du modèle et sa propriété provençale qui domine la mer. Les hauts arbres qui, dans le lointain, encadrent le sujet rappellent ceux de La Vierge au chardonneret, de Raphaël, ou d’Apollon et Marsyas, du Pérugin. La rigueur de la composition, l’association des couleurs et la géométrie des formes et des volumes témoignent de la permanence de l’influence cubiste dans l’œuvre d’Alfred Courmes." Alain Galoin.
"La Vierge au chardonnet", Raphaël, 1506 "Apollon et Marsyas", du Pérugin, 1523
La 5cv de Citroën (pour les amateurs !):
La Mini Citroën 5 CV des Années folles a été construite à l'usine de Levallois (banlieue parisienne), louée par Citroën aux Automobiles Clément Bayard à la fin de 1921.
Moins longue de 48 cm que sa grande sœur, pesant à peine 500 Kg., cette voiture 2 places d’abord appelée Type C possédait un moteur à soupapes latérales 4 cylindres refroidi par thermosiphon de 856 cm3 la menant à 60 Km./h. pour 11 ch. fiscaux.
La carrosserie effilée type bateau était en tôle d’alliage léger clouée sur bois, ce qui améliorait les performances. Elle ne comportait pas de porte côté chauffeur.
Elle avait trois vitesses, mais ne possédait pas de freins avant. L'accélérateur est à l'époque la pédale centrale et il fallait démarrer le moteur à la manivelle.
D’abord appelée “Cul de poule” à cause de son arrière pointu, n’existant au départ qu’en couleur jaune vif on la surnomma vite la “Petite Citron”.
En savoir plus:
Le portrait de Peggy Guggenheim a été exposé:
- 1927, Salon des Tuileries, Paris.
- 1980/1981, « Les réalismes entre révolution et réaction. 1919-1939 », Centre Georges Pompidou, du 17 décembre au 20 avril, Paris.
- 1981, « Le réalisme en Europe. 1919-1939 », Berlin.
- 1989, Rétrospective, musée "La Piscine", du 29 avril au 11 juin (prolongation jusqu’au 25 juin), Roubaix.
- 1989, Rétrospective, musée Sainte-Croix, du 3 juillet au 4 septembre, Poitiers.
- 1989, Rétrospective, Centre Georges Pompidou, du 12 septembre au 22 octobre (interruption le 5 octobre à cause d’une grève du personnel du musée), Paris.
- 2009, « Ingres et les modernes », musée Ingres, du 3 juillet au 4 octobre, Montauban, (Commissaire général, Dimitri Salmon).
Bibliographie :
- Jean-Marc Campagne, Alfred COURMES, Prospecteur de mirages entre ciel et chair, Photographies de Robert Doisneau, Jacqueline Hyde, Marc Vaux. Eric Losfeld Editeur, 1973, p. 15.
- Vitalie Andriveau – Gilles Bernard, Alfred COURMES , Préface de Michel Onfray, le cherche midi, 2003, p.40-41. Quelques exemplaires disponibles à la librairie du musée d'Orsay.
- Paolo Barozzi, Peggy Guggenheim, La Collection, Éditions Assouline, 2005, couverture.
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Commentaires
toujours très intéressant !
Écrit par : claude Bauret Allard | 19/10/2013
Répondre à ce commentaireMERCI DE CES TRES INTERESSANTES ¨RECISIONS
Écrit par : P VINCENT | 20/10/2013
Répondre à ce commentaireRavissant et mm le modele est plus joli peint par A.Courmes qu'en realite !! la main est spendide
tres drole et charmant la figuration de la "petite citron"
le peintre sait aussi etre tres classique et c'est superbe ....
Écrit par : Beatrix Chaboche | 20/10/2013
Répondre à ce commentaireOn ne peut rester indifférent devant cette Peggy, avec ses mains expressives, presque torturées. Son air perdu et grave annonçant, tout comme le ciel, l'orage à venir. A. Courmes a du s'inspirer du cliché, en respectant l'auriculaire gauche abducté et le strabisme divergent. Le nez, par contre, s'est affiné, et la "wedding ring" a disparu...
Quelle finesse dans les plan postérieurs, des feuilles au lointains paysages.
Très émouvant
Écrit par : JJ Baudet | 03/11/2013
Répondre à ce commentaireOuais, démarreur électrique ou manivelle ? C'est pas clair, hein?
Écrit par : armenak | 04/11/2013
Répondre à ce commentaireTu as raison, mon article n'est pas clair! Je corrige. A priori, démarreur à manivelle.
Écrit par : th | 04/11/2013
Je crois que le très beau portrat tableau d'Alfred Courmes de Peggy Guggenheim est mal localisé. En effet s'il a bien été peint dans les environs du Lavandou, c'est pas la plage de Saint-Clair qu'on aperçoit en arrière plan, mais bien la plage de Pramousquier et les falaises du Rayol-Canadel un peu plus loin. Et le cap représenté encore plus loin correspond bien au Domaine du Rayol devenu Conservatoire du littoral. En effet Guggenheim possédait une résidence à Pramousquier dans les années vingt. Et c'est bien ce paysage-là, que Courmes a utilisé comme arrière-plan pour un tableau qu'il a brossé à Paris en 1926. Voir le site « L'histoire par l'image : http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=775 .
Écrit par : Pram | 21/01/2015
Répondre à ce commentaireIncidemment je crois avoir observé que Courmes à repris cet arrière-plan des falaises du Rayol-Canadel aperçues dans le portrait de Peggy Guggenheim, dans la partie de sa fresque la "France heureuse" qui semble représenter le littoral du Lavandou avec ses pêcheurs et leurs bateaux.
Écrit par : Pram | 21/01/2015
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