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31/03/2015

La renaissance de la fresque d'Ottawa, dernier chapitre. Publication n°26

 

 

 

Sortie dans toutes les bonnes librairies du dernier numéro de HEY !- Modern Art et Pop Culture, n°21, qui consacre quelques pages aux œuvres d'Alfred Courmes !

 

 

 

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La disparition: 

 

On raconte qu'un ecclésiastique, scandalisé par la pose d'enfants nus se chamaillant sur la plageottawa sous le regard complaisant de leur mère et de l'attitude provocatrice de quelques personnages féminins de la grande composition, aurait demandé que l'oeuvre soit ôtée de la vue du public.

C'est donc dans ce contexte et sans doute en prévision de la venue du président de la République, Vincent Auriol, que l'ambassadeur Hubert Guérin mit "La France heureuse" à l'index. Les deux tiers du grand panneau furent, dans un premier temps, recouverts par "une verdure d'Aubusson", les autres parties cachées par de la toile tendue sur des châssis ou masquées par des étagères supportant des porcelaines et de l'argenterie. En 1956, une tapisserie de Gromaire vient prendre place sur le grand panneau et le nouvel ambassadeur, Charles Lacoste, accroche des œuvres de son père.

 

"La France heureuse", détails, 1939, peinture à l'encaustique sur plâtre, détails.

Fonds national d'art contemporain. ©adagp

 

 

 

 

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"La France heureuse", détails, 1939, peinture à l'encaustique sur plâtre, détails. Fonds national d'art contemporain. ©adagp

 

 

 

En 1957, d'importants travaux pour recouvrir la fresque et peindre par dessus sont entrepris: Henri Gleize, ambassadeur de l'époque, témoigne de " ...la pose d'une matière isolante sur laquelle il soit possible de peindre sans que soit compromise une importante décoration murale qu'une tradition, étayée sur de solides motifs, interdit de présenter aux hôtes de l'ambassade."  !!

 

 

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La salle à manger en 1956. La peinture murale est occultée par un tissu sur lequel est accrochée la tapisserie des Gobelins, "Le printemps" de Gromaire.

 

La renaissance:

 

A la fin des années soixante-dix, les ambassadeurs Jacques Viot et Pierre Maillard avaient souhaité que les peintures de la salle à manger puissent être réhabilitées. Mais il faut attendre les années quatre-vingts avec Jean Béliard puis Jean-Pierre Cabouat pour que des crédits soient débloqués.

En 1982, le restaurateur d'art, Paul Ledeur, établit un diagnostic: L'oeuvre de Courmes était recouverte des six couches de peinture cachées par une toile peinte en blanc fixée sur un bâti !!

 

 

 

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Sondages de mise à jour réalisés par les restaurateurs de l'équipe de Paul Ledeur .

 

 

L'opération se déroula en deux périodes distinctes:

- 1982, mise à jour de la totalité de la fresque,

- 1984, restauration de l'ensemble et protection de l'oeuvre.

Une technique tout à fait particulière fut mise au point pour décoller une à une les six couches de peinture avec de la vapeur d'eau et l'injection de fixateur à l'aide seringues médicales. Ces travaux durèrent quatre mois, au rythme de 50 cm² par jour et par technicien.

 

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Injection d'un fixatif, humidification, décollage des lambeaux de peinture et finition au scalpel.

 

 

 

Puis les lacunes de pigment dues à l'usure et les trous de fixation du support des tentures ont été restaurées en collaboration avec Alfred Courmes, âgé de 86 ans, qui n'a pas pu faire le voyage jusqu'à Ottawa.

 

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Jean-Paul Ledeur redessine les parties manquantes. 

 

 

Le 4 juillet 1984 on put enfin fêter la fin d'une disgrâce: la remise à jour d'une oeuvre majeure du patrimoine culturel français. Alice Murray dans le City and Contry Home écrivait " La salle à manger de l'ambassade a aujourd'hui retrouvé sa splendeur originelle. Y dîner est un événement social d'Ottawa fort recherché."

 

 

 

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 La grande salle à manger de l'Ambassade de France à Ottawa restaurée.

 

 

 

Pour des raisons similaires et à la même époque, les sculptures de Louis Leygue décorant le grand salon, seront démontées. Heureusement retrouvées dans les caves de l'ambassade, elle purent être restaurées et refixées par l'équipe de Paul Ledeur.

 

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 Adam et Ève lors de leur découverte dans les caves de l'ambassade.

 

 

 

Textes et photographies issus ou inspirés  des ouvrages de Jean Fouace, "Ottawa, Ambassade de France", 2010, Éditions internationales du patrimoine et Jean Paul Ledeur, "Les années 30 sur les rives de l'Outaouais", 1993.

 

 

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